Difficile d’imaginer quelqu’un de plus qualifié que Hayden Guilderson pour
diriger les initiatives autochtones à la Coupe TELUS 2025.
Le natif de Chilliwack, en Colombie-Britannique, maintenant âgé de 28 ans, a
joué au hockey mineur avec les Thunderbirds de Fraser Valley avant d’évoluer
dans la Ligue de hockey junior du Pacifique, la Ligue de hockey junior de la
Saskatchewan et le circuit U SPORTS.
Membre du conseil de la Première Nation de Ch’iyáqtel, il a veillé à ce que
la communauté autochtone locale soit au premier plan du Championnat national
masculin des clubs de M18 du Canada. Le tournoi réunissait cinq équipes de
partout au pays et les Thunderbirds, qui accueillaient le championnat dans
sa ville natale.
HockeyCanada.ca a eu la chance de s’entretenir avec M. Guilderson au sujet
de son rôle au tournoi, des initiatives auxquelles il a contribué et de ce
qu’il retient de son expérience.
HC : Comment s’est amorcée votre implication à la Coupe TELUS et, plus
particulièrement, pour les initiatives autochtones?
HG : J’ai été invité à me joindre au comité directeur de la Coupe TELUS par
un conseiller municipal de Chilliwack qui a reconnu la pertinence de mon
profil en tant que fier ancien joueur des Thunderbirds de Fraser Valley et
membre actuel du conseil d’une Première Nation de la région. Ayant grandi en
jouant au hockey ici, je connaissais bien le sport et son impact sur la
communauté. Quand on m’a proposé le poste, j’ai eu la conviction profonde
qu’il m’incombait de veiller à ce que notre présence autochtone dépasse la
simple visibilité et laisse une empreinte significative. Ce rôle m’a permis
de mettre à profit mes idées et mon expérience — sur la glace et dans la vie
— afin de contribuer à une activation autochtone authentique, enracinée dans
nos traditions et porteuse de sens pour l’ensemble du tournoi.
HC : Pouvez-vous nous parler de certains éléments autochtones clés que
vous avez contribué à concrétiser?
HG : Plusieurs initiatives ont mis la fierté autochtone au premier plan. Les
cadeaux de bienvenue offerts aux joueurs comprenaient des œuvres réalisées
par des artistes autochtones de la région, un symbole de partage culturel et
de respect. Les plaques de cèdre sculptées à la main par les artistes de
notre communauté ont donné une dimension culturelle à la cérémonie de remise
des médailles. Le programme Rêves devenus réalité a été ce qui m’a le plus
marqué : nous avons fourni à 15 jeunes autochtones un équipement de hockey
Bauer complet et leur avons offert leur propre séance d’entraînement sur
glace. Pour moi, c’est là que s’est reflété tout le sens de notre travail :
éliminer les obstacles, ouvrir des perspectives et éveiller l’inspiration
chez la prochaine génération. Ce qu’on pouvait lire sur leurs visages m’a
rappelé que la représentation va au-delà du symbole : elle a le pouvoir de
changer des vies. Enfin, j’ai collaboré avec des organismes autochtones
locaux pour veiller à ce que les membres de la communauté puissent profiter
des matchs et des activités entourant le tournoi. Tous ces éléments ont été
conçus avec le souci d’être authentiques, porteurs de sens et inclusifs,
afin que chacun et chacune puisse sentir notre présence et la fierté qui
nous habite.
HC : Pourquoi était-ce important pour vous de prendre part à cet
événement et d’y laisser votre marque?
HG : En participant à la Coupe TELUS, on avait l’occasion de mettre en
lumière sur la scène nationale la richesse des racines autochtones de
Chilliwack. Je voulais que les équipes et le public de partout au Canada qui
viendraient ici ressentent la chaleur de notre ville et son lien avec la
terre et la culture. Il était important que nos traditions soient
respectueusement intégrées au tournoi, que ce soit dans le cadre de
cérémonies, d’œuvres d’artistes ou d’une implication communautaire. Il
s’agissait, au-delà de la représentation, de nourrir une véritable
compréhension et de laisser un legs qui rappelle la pérennité de notre
présence. J’y ai vu l’occasion d’établir une nouvelle norme au hockey, une
norme qui intègre, célèbre et honore les voix autochtones.
HC : La communauté du hockey évolue et célèbre désormais diverses
cultures. Qu’est-ce que ça signifie pour vous?
HG : C’est réconfortant de voir le hockey s’ouvrir à la diversité et aux
réalités culturelles, même si ce virage était attendu depuis longtemps.
Quand j’étais jeune, j’ai été confronté au racisme et je ne voyais jamais la
culture autochtone représentée dans le sport. Les activations autochtones à
la Coupe TELUS s’inscrivent dans un changement plus profond : le monde du
hockey commence à guérir, à ouvrir ses horizons et à accueillir de nouvelles
voix. Des tournois aux patinoires de quartier, la culture s’entrelace
désormais au tissu même du hockey. Ce changement valide l’expérience des
Autochtones qui sont sur la glace et dans les gradins, en affirmant leur
appartenance et en valorisant leur héritage. Pour moi, c’est synonyme
d’espoir, de progrès et de transformation, non seulement au hockey, mais
aussi au sein des communautés concernées.
HC : Qu’avez-vous tiré de cette expérience sur le plan personnel?
HG : J’ai découvert le pouvoir de la collaboration et d’un leadership porté
par une intention claire. Quand la collaboration entre leaders autochtones
et non autochtones se fait dans le respect, elle ouvre la voie à des
avancées profondes. J’ai pu constater que les voix ancrées dans la culture
renforcent les événements dans la communauté et ont un impact durable. Sur
le plan personnel, j’ai réalisé une fois de plus l’importance de la
représentation, en particulier pour les jeunes qui passent trop souvent
inaperçus. Cette expérience a également fait ressortir le fait que
l’intégration des traditions requiert de la patience, une rigueur culturelle
et le respect des cérémonies. J’ai compris que l’authenticité demande du
temps, mais qu’elle mène à des résultats plus profonds et porteurs de sens.
HC : Quels conseils donneriez-vous aux leaders issus de la diversité qui
souhaitent prendre part à des événements de Hockey Canada dans les
années à venir?
HG : Engagez-vous, affirmez-vous et travaillez en équipe. N’ayez pas peur de
proposer de véritables changements, les gestes symboliques ne suffisent pas.
Mettez votre culture de l’avant et exigez que des voix autochtones soient
intégrées dans la planification et l’exécution. Établissez des partenariats
dès le départ, invitez des aînés et aînées ainsi que des artistes à
participer aux décisions, et mettez les protocoles culturels au cœur des
processus. Faites preuve de patience; ces changements demandent du temps,
mais chaque étape fait évoluer la culture du hockey. Votre présence et votre
voix comptent, alors utilisez-les pour éclairer le chemin et susciter le
changement.
HC : S’il y a une chose que vous aimeriez que les gens retiennent de
votre travail à la Coupe TELUS, quelle serait-elle?
HG : J’espère qu’on retiendra que la culture autochtone n’est pas
accessoire, qu’elle fait partie intégrante de ce que nous sommes. Qu’il
s’agisse d’œuvres artistiques, de cérémonies ou de programmes destinés aux
jeunes, je voulais que la Coupe TELUS soit reconnue comme un tournoi où les
traditions et l’esprit autochtones sont véritablement ancrés au cœur de
l’événement. Par-dessus tout, je voulais que les gens voient des enfants
autochtones patiner en équipement complet, avec fierté et un sentiment
d’appartenance. À mes yeux, cette image est puissante et porteuse d’espoir,
et un héritage à chérir et à transmettre.