
Si notre passé est garant de notre avenir, Chihiro Suzuki peut être certaine que le hockey la suivra peu importe où elle ira. La femme de 23 ans a joué au hockey dans les quatre pays où elle a vécu et a souvent réalisé que c’était le moyen le plus rapide pour elle de s’intégrer.
« À Shanghai, la moitié de l’équipe parlait anglais et l’autre moitié ne parlait ni anglais ni japonais, raconte Chihiro. Je ne pouvais donc pas avoir de conversation avec la moitié des gens, mais nous entretenions quand même de bons liens sans même être en mesure de nous parler.
« Peu importe où je me suis retrouvée, j’ai toujours pu compter sur la communauté du hockey. »
Native de Yokohama, au Japon, Chihiro a été initiée à ce sport par son père, qui lui l’avait été en Russie. Malgré un manque d’infrastructures au Japon (elle précise que les arénas se trouvent à une distance d’au moins deux heures les uns des autres dans la partie sud du pays), Chihiro et ses deux frères aînés ont rapidement découvert les joies du hockey et passaient 15 heures par fin de semaine à effectuer des exercices de patinage dans un aréna situé à trois heures de leur domicile.
« J’allais à l’école et je disais aux autres que je jouais au hockey et je me faisais dire : "Quoi! Tu es capable de freiner?" », se remémore-t-elle. Le patinage et le hockey ne faisaient tout simplement pas partie des mœurs au Japon.
Après un arrêt au New Jersey et un retour à Yokohama, la famille a déménagé au Canada. Chihiro avait vraiment hâte de retourner sur la surface glacée et de démontrer ses habiletés, mais quelques surprises l’attendaient. Non seulement la stratégie de jeu était différente au Canada, la composition des équipes l’était aussi. Maintenant chez les M13, elle faisait partie d’un club féminin pour la première fois de sa vie.
« Avant de me rendre à ma première séance d’entraînement [à Belleville, en Ontario], je me disais qu’il était impossible qu’une ville aussi petite puisse avoir une équipe de hockey avec seulement des filles, qui sont aussi bonnes que moi », confie Chihiro en riant. « J’ai sauté sur la glace et vu qu’elles étaient toutes meilleures que moi, alors j’ai compris que le potentiel d’amélioration dans ce sport était énorme. »
Chihiro explique que sa perspective a complètement changé à ce moment, qu’elle se réjouissait de l’aspect plus compétitif du hockey canadien. Avec sa passion renouvelée pour le hockey et ses nombreuses années consacrées au développement des habiletés ailleurs dans le monde, elle était une joueuse dynamique qui avait goûté au succès en grandissant. Chihiro a poursuivi son chemin jusqu’à intégrer l’équipe de l’Université de Guelph au sein du réseau U SPORTS.
« On pouvait voir que sa passion pour le hockey alimentait son désir d’atteindre son plein potentiel », témoigne Katie Mora, entraîneuse-chef des Gryphons. « Chi est devenue une joueuse d’impact pour nous… et une leader de notre formation, admirée pour son éthique de travail et appréciée pour la motivation qu’elle transmettait à ses coéquipières. »
Cette éthique de travail n’est pas passée inaperçue aux yeux de Katie, qui a soumis la candidature de Chihiro pour le programme Entraîneuses en herbe. Née en 2021 d’un partenariat entre Hockey Canada, U SPORTS et la Fondation Hockey Canada, l’initiative Entraîneuses en herbe offre de la formation et du mentorat à des étudiantes-athlètes actives qui évoluent au sein d’U SPORTS et qui aspirent à devenir entraîneuses.
« J’ai tellement appris sur moi en tant que joueuse, mais aussi en tant que personne qui œuvre dans le hockey avec une perspective complètement différente. Je suis une joueuse très émotive… mais dans un rôle d’entraîneuse, c’est autre chose.
« J’ai découvert une patience que je n’avais jamais pour moi et un positivisme que je n’étais jamais en mesure d’avoir envers moi-même. »
Maintenant avec un diplôme universitaire en poche, Chihiro prévoit se servir de tout ce qu’elle a appris dans le cadre du programme Entraîneuses en herbe pour continuer de bâtir son réseau au hockey et de consolider son rôle dans ce sport. Un rôle qui, selon Katie, est vital pour la pérennité du hockey.
« Lorsque les gens derrière le banc et sur la glace proviennent de milieux non traditionnels au hockey, les perspectives sont différentes et la collaboration est bien plus profonde et significative, explique Katie. Ça permet aussi d’avoir des modèles qui inspirent encore plus de gens, qui peuvent ainsi avoir une meilleure compréhension de leurs possibilités dans leur sport. »
Chihiro ne se perçoit pas comme un modèle à suivre pour les jeunes hockeyeuses japonaises, même si elle a participé au Championnat mondial féminin 2023 de l’IIHF au sein de l’équipe nationale du Japon. Cependant, elle croit que son parcours pourrait inspirer celles qui veulent gravir les échelons du hockey.
« J’aimerais que de jeunes filles du Japon osent tenter leur chance ailleurs, comme moi je l’ai fait », conclut-elle, en ajoutant à quel point le hockey est pratiqué différemment en Amérique du Nord par rapport au Japon.
Mais, fondamentalement, nous parlons toutes le même langage : le hockey.
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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